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Atem Demba-Camer a 17 ans. Il est né à Douala, au Cameroun. Il parle le français, le camerounais et a appris l’italien lors de son voyage jusqu’en France, où il réside depuis 1 an et demi.

Suite au décès de ses parents, il a été recueilli, avec son grand frère Yannick, par leur oncle. Ce dernier, alcoolique, ne pouvait pas gérer la situation et ne s’occupait pas d’eux. Battus au point d’avoir une fracture au pied, ils ont préféré fuir la maltraitance physique car, en Afrique, aucune loi ne protège contre les violences familiales. Pensant fuir dans un village voisin, ils se sont retrouvés au Nigeria, puis en Algérie, où ils ont été faits prisonniers et vendus en Libye en tant qu’esclaves. Chaque jour, Atem et son frère étaient torturés puis pris en photos par leurs ravisseurs, qui demandaient une rançon de 100  000 francs camerounais aux familles. Mais n’ayant pas de famille, ils n’avaient personne pour les faire libérer. Son frère ayant été acheté par un marchand, Atem, 14 ans, a dû subir, seul, les tortures durant 6 mois, avec pour seule nourriture de l’eau et de la farine. Il a fini par être acheté par un marchand qui l’a libéré de cette torture. Un jour, alors qu’il travaillait à décharger le magasin du marchand, celui-ci l’a informé qu’il restait une place dans un bateau allant en Italie. C’est à ce moment-là qu’il a retrouvé son frère au bord de l’eau.

Le trajet dura environ 10 heures, entassés à 160 sur le bateau. Épuisé et suffocant par manque d’air, Atem s’est évanoui. Yannick, voulant l’aider, s’est levé et est tombé par-dessus bord. Sachant que l’on ne peut pas arrêter un bateau pour une personne, Atem a perdu son frère.Associant la France à la paix, il a décidé de prendre le train depuis l’Italie jusqu’en France. A son arrivée, il a erré seul dans les rues de Normandie, ignoré de tous, y compris de ses frères de pays.  Il a finalement été guidé par une inconnue jusqu’à l’ASE (Aide Sociale à l’Enfance). L’organisme lui a fourni un avocat afin de lui permettre de prouver sa minorité.

Baladé de famille en famille, sa dernière famille d’accueil l’a gardé tant que la procédure était en cours. Ils lui ont remonté le moral et se sont occupés de tous ses besoins. Reconnu mineur par le juge, il a été mis sous protection de l’enfance.

Chaque jour, il doit se battre pour prouver son intérêt à rester en France. Les bénévoles de l’ASE lui ont permis de trouver un travail afin de suivre une formation en alternance. Atem est désormais apprenti cuisinier dans un Bistrot  : « Ce n’est pas moi qui ai choisi la cuisine, c’est la cuisine qui m’a choisi », dit-il. Aujourd’hui, Atem souhaite faire passer un message à ses frères :

«  Tout ce que les personnes partagent sur les réseaux sociaux, on appelle ça vendre le rêve, alors que la réalité ici, c’est que tu ne t’intègres pas.
Pour cela, il faut avoir les papiers et ce n’est pas facile, donc tu ne peux rien faire du tout. »

«  Sans papier je n’ai pas de travail, et en plus on a le téléphone à payer. Ce n’est pas facile d’avoir tout ça. »

«  Le plus important, c’est où dormir. Pour nous, les mineurs isolés, ce n’est pas facile car il y a tout un protocole en entrant en France. Je souhaite que ça change pour nous rendre la tâche plus facile. » «  Le problème, c’est que l’on mélange tout le monde. Il faut arrêter de mettre les gens dans le même panier, chacun a son comportement, ses manières, son caractère. Je ne comprends pas pourquoi ça fonctionne comme ça. »

C’est la foi qui l’a fait tenir durant toutes ces épreuves.

Copyright : Sarah TAGNZA et Arnaud BIHOUR

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